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Devenir un bon vétérinaire (Partie 1)

Publié 28/04/2021

Ecrit par Philippe Baralon , Antje Blättner , Pere Mercader et Mark Moran

Aussi disponible en Deutsch , Italiano , Español , English et 한국어

"Si votre seul outil est un marteau, tous les problèmes ressemblent à un clou". Cette partie mettra l'accent sur les différents éléments requis pour faire de vous un "bon clinicien" et pour prendre confiance dans vos décisions médicales.

Points clés

Le diplôme vétérinaire est un passeport pour de nombreux types d'emploi. Si vous n'êtes pas sûr de celui qui vous conviendra, n'ayez pas peur d'essayer et, si ça ne marche pas, passez à autre chose.


Il existe diverses méthodes pour vous aider à gagner rapidement de la confiance et à prendre des décisions médicales appropriées.


Introduction

En tant que vétérinaire, vous avez le choix de suivre diverses voies professionnelles. Vous devez faire ce choix avec prudence parce que, de nos jours, les domaines d’activité de la médecine vétérinaire sont souvent très spécialisés, et il n’est, en général, pas souhaitable de passer d’un domaine à l’autre même si ce n’est pas totalement impossible. Changer de spécialité vétérinaire, en passant par exemple de la pratique canine à la pratique rurale, implique la perte d’une somme de connaissances et, d’une certaine manière, de repartir de zéro. Avant de choisir vers quel domaine vétérinaire vous souhaitez vous orienter, prenez le temps de :

  • Penser à vos objectifs – Où vous voyez-vous dans 5 ou 10 ans ? Quels changements se profilant à l’horizon dans la profession vétérinaire vous attirent le plus ? En quoi ces changements peuvent-ils vous influencer ou se répercuter sur votre travail quotidien ?
  • Acquérir des connaissances et de l’expérience dans vos domaines de prédilection, par exemple en effectuant des stages volontaires afin de pouvoir prendre des décisions concernant votre future carrière professionnelle en toute connaissance de cause. Cela vous permettra d’obtenir des informations importantes que vous ne trouverez jamais dans les livres mais uniquement dans vos premières expériences sur le terrain !

Ceci dit, si la lecture ne vous permet pas d’obtenir tous les éléments nécessaires, elle peut vous apporter de précieux conseils et, dans ce chapitre, nous vous détaillons certaines étapes pratiques à suivre pour débuter au mieux votre carrière de vétérinaire praticien.

Choisir le domaine dans lequel vous souhaitez exercer

La première grande décision à prendre est de choisir si vous souhaitez soigner les animaux de compagnie (comme les chiens ou les chats) ou si vous êtes plus intéressé par les animaux de rente ou les chevaux. Si vous n’êtes pas certain de votre choix, voici certains facteurs clés à envisager (Encadré 1).
 
Encadré 1
Quelques astuces pratiques au moment d’envisager les différents choix qui s’offrent à vous
  • En tant que novice, vous ne savez pas ce qui vous conviendra le mieux
  • Collectez des informations ; plus vous en aurez, mieux cela vaudra
  • Vous ne perdrez rien à tout essayer
  • Si vous êtes indécis, passez à autre chose
  • Basez vos décisions sur votre propre expérience

 

Réfléchissez au type d’animal que vous souhaitez soigner

La médecine des animaux de compagnie consiste à apporter des solutions et des services aux animaux vivant au sein d’une famille et qui jouent le rôle de compagnon mais aussi parfois celui d’enfant ou de partenaire de vie. L’exercice en productions animales est très différent car, dans ce cadre, le vétérinaire endosse plus un rôle de gestionnaire de santé d’un cheptel (bovins ou porcins, par exemple) ou celui de médecin et d’entraîneur lorsqu’il s’agit d’animaux de sport comme les chevaux (Figure 1).

De nos jours, les vétérinaires mixtes qui gèrent ces deux domaines à la fois représentent une espèce quelque peu en voie de disparition, parce qu’ils subissent souvent un stress énorme en essayant de se maintenir à niveau face aux spécialistes qui exercent dans tous ces domaines.

 
 
Figure 1. L’exercice en productions animales nécessite des compétences très différentes car, dans ce cas, le rôle du vétérinaire tient plus du gestionnaire de la santé d’un cheptel. © Shutterstock

Réfléchissez à l’environnement dans lequel vous souhaitez travailler

Si vous choisissez de vous orienter vers la pratique rurale, vous devez garder à l’esprit que vous travaillerez très souvent à l’extérieur par n’importe quel temps, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, que vous parcourrez souvent de longues distances chaque jour, en étant seul la plupart du temps. Un autre point très important à considérer également est la réglementation des traitements des animaux destinés à la consommation. Dans la plupart des pays, celle-ci devient de plus en plus complexe et a de plus en plus d’impact sur la manière de travailler des vétérinaires. Ils doivent consacrer plus de temps à l’organisation du travail et aux tâches administratives. Cela peut avoir un impact négatif sur leur satisfaction au travail et, par conséquent, mettre en péril leur évolution de carrière.

En clientèle canine, il est plus fréquent de travailler au sein d’une équipe formée de vétérinaires et d’assistants (ASV et secrétaires d’accueil). Les animaux de compagnie sont amenés à la clinique et, de ce fait, vous pouvez plus facilement contrôler vos heures de travail et votre environnement, même s’il faut s’acquitter d’urgences et de visites à domicile (dans certains pays, il existe aussi des cliniques vétérinaires mobiles). Tout comme pour les animaux de rente, soigner des animaux en dehors de la clinique peut se révéler bien plus difficile, de par la complexité de la manipulation de l’animal ou les limites du diagnostic. Il faudra donc prendre en compte ces facteurs avant de souhaiter devenir vétérinaire à domicile.

 

Pensez à la mentalité des propriétaires que vous allez rencontrer

Une autre question importante que vous devrez vous poser lorsque vous choisirez une voie professionnelle concerne la mentalité des propriétaires d’animaux parce que vous devrez les gérer au quotidien. Selon votre choix professionnel (animaux de compagnie ou médecine rurale), vous serez confronté à des attitudes très différentes des propriétaires envers les animaux. Les éleveurs vivent de la reproduction ou de l’élevage des animaux afin de produire de la viande ou du lait alors que les animaux de compagnie (mis à part les chiens de garde ou autres animaux utilisés dans un but commercial) sont principalement considérés par leurs propriétaires comme des membres de la famille. Cette différence fondamentale entre éleveurs et propriétaires conduit à des attentes très différentes de la part des clients. En endossant le rôle du vétérinaire en productions animales, vous serez principalement confronté à la gestion de troupeaux. De ce fait, lorsque vous envisagerez le traitement d’un seul animal, vous devrez souvent faire un calcul économique pour évaluer la pertinence d’un traitement sophistiqué.

Même si les propriétaires des animaux de compagnie deviennent de plus en plus attentifs aux tarifs pratiqués, la plupart des décisions concernant le diagnostic et le traitement (notamment en médecine canine) ne se basent pas uniquement sur les coûts, mais plutôt sur la place qu’occupe l’animal dans la famille ; cet aspect du métier est bien plus « émotionnel ». De ce fait, une part importante de la médecine des animaux de compagnie consiste à gérer les émotions et les attentes souvent irréalistes des propriétaires. Et tous les vétérinaires ne sont pas forcément préparés à faire face à cela jour après jour !

 

Choisir entre devenir généraliste ou spécialiste

Un nouveau système de valeur a pris de l’ampleur, d’abord dans les universités, ensuite parmi les jeunes générations de vétérinaires, qui a propulsé les spécialistes au sommet de la hiérarchie professionnelle, bien au-dessus des « simples » généralistes. Il importe de bien comprendre qu’il s’agit là de deux métiers très différents et que le plus important est d’exercer celui qui correspond le mieux à ses aspirations personnelles et professionnelles.
 
Le généraliste se consacre à la médecine préventive qui inclut le dépistage, et à la médecine et chirurgie de premier niveau qui peuvent être pratiquées dans de bonnes conditions dans la grande majorité des cabinets et cliniques vétérinaires. Les services généralistes abordent donc toutes les disciplines de la médecine vétérinaire, ce qui suppose une compétence large et un effort de formation continue « multidirectionnel ». Les clients qui vont voir un généraliste sont les propriétaires d’animaux qui mettent toute leur confiance dans le savoir-faire du praticien.
 
Le spécialiste exerce dans une seule discipline, au sein de laquelle il réalise des actes médicaux ou chirurgicaux qui requièrent une compétence et un plateau technique ou une équipe dont ne disposent qu’un nombre réduit de cliniques ou d’hôpitaux. Les services spécialisés supposent une compétence approfondie dans un seul champ disciplinaire et donc un effort de formation continue très spécifique. Les clients du spécialiste sont le plus souvent des vétérinaires généralistes qui lui réfèrent des cas, même s’ils ont toujours un contact avec les propriétaires des animaux concernés.

En matière de compétence technique et scientifique, les deux métiers ne se comparent pas, le spécialiste étant beaucoup plus compétent que le généraliste dans un domaine donné, mais beaucoup moins dans tous les autres.

Mark Moran

Les services spécialisés supposent une compétence approfondie dans un seul champ disciplinaire et donc un effort de formation continue très spécifique.

Mark Moran

En termes d’aptitudes relationnelles, les différences sont également très nettes :

  • Le généraliste interagit principalement avec les propriétaires et c’est sa maîtrise de la communication qui va permettre à sa compétence technique d’être efficace, en s’assurant que le propriétaire comprenne bien la situation de l’animal et en favorisant l’observance des traitements.
  • Le spécialiste communique avant tout avec le généraliste qui lui a référé un cas, ce qui ne signifie pas que ce soit plus facile (Figure 2). Il peut aussi avoir à interagir avec le propriétaire de l’animal, avec toutefois de fortes variations d’une spécialité à l’autre.
 
Figure 2. Si vous choisissez de vous spécialiser et que vous avez des compétences en communication, vous pourrez devenir conférencier lors de congrès vétérinaires. © Matej Kastelic

Ce sont probablement les déroulements de carrière qui forment les plus fortes différences entre les deux métiers, notamment en début de parcours professionnel.

  • Les vétérinaires généralistes sont censés être opérationnels dès leur diplôme de vétérinaire obtenu et peuvent accéder directement à l’exercice de la médecine vétérinaire. Cela ne signifie évidemment pas qu’ils aient toutes les compétences requises, et leur apprentissage technique doit se poursuivre de manière intensive au cours des premières années de leur vie professionnelle. Tout au long de leur carrière, les généralistes doivent fournir un effort de formation continue particulièrement difficile dans la mesure où il concerne des champs disciplinaires très variés. Dès lors que les compétences techniques sont satisfaisantes et continuellement entretenues, l’évolution de carrière des généralistes va reposer sur l’acquisition d’autres compétences : interpersonnelles, commerciales et managériales de base (s’intégrer à l’équipe, diriger quelques collaborateurs). Au-delà de cela, le généraliste qui souhaite progresser dans sa carrière devra acquérir des savoir-faire supplémentaires, notamment en gestion et en management, pour prendre la responsabilité d’une activité ou d’un site au sein de l’entreprise qui l’emploie. Enfin, se posera la question de l’entrepreneuriat, en devenant associé, en créant ou en achetant sa propre structure.
  • Les vétérinaires qui souhaitent se spécialiser suivent une filière internationalement reconnue. Ils doivent prolonger leurs études par un internat, puis un « apprentissage » au cours d’un résidanat sous la supervision d’un spécialiste diplômé avant de présenter le concours de spécialiste (plus d’informations sur http://ebvs.eu/colleges). Cela allonge le cursus de formation initiale de 4 à 5 ans. Ensuite, la première partie de la carrière professionnelle suit un axe essentiellement technique et scientifique. Néanmoins, les compétences interpersonnelles, commerciales et managériales ne doivent pas être négligées. La suite de la carrière peut se dérouler soit selon un axe technique et scientifique – par exemple, en occupant plusieurs postes dans plusieurs hôpitaux différents –, ou, plus rarement, inclure une dimension managériale et de gestion si on devient associé (les créations et les rachats sont plus rares pour les spécialistes).

Les déroulements de carrière précédemment évoqués ont des conséquences financières certaines : en début de carrière, les spécialistes sont nettement moins bien payés que les généralistes, alors que les conditions de travail sont plus difficiles. Par la suite, les différences sont moins nettes et dépendent plus des structures au sein desquelles ils travaillent. Les vétérinaires spécialistes très brillants sont souvent mieux payés, mais les généralistes peuvent également parvenir à des rémunérations élevées, notamment en accédant à des responsabilités importantes ou via l’entrepreneuriat.

Au final, les différences entre les deux métiers démontrent qu’il ne faut pas baser son choix sur un système de valeurs culturelles ou une vision « romantique » d’un métier, mais autant que possible sur ses aspirations personnelles et compétences... et en toute connaissance de cause !

 

Développer son expérience clinique

Si vous êtes un jeune vétérinaire diplômé (ou un vétérinaire qui souhaite donner une nouvelle orientation à sa carrière), il est très important d’acquérir une expérience clinique dans la pratique « de tous les jours », quelles que soient l’étendue et l’importance des connaissances médicales que vous avez acquises dans votre école ou votre université (Figure 3). Ce sera également une très bonne opportunité de voir sur le terrain ce que sera réellement votre vie professionnelle et de confirmer que le choix que vous avez fait vous convient parfaitement. De ce fait, acquérir une expérience clinique dans la discipline que l’on a choisie doit être, dans la plupart des cas, la première étape d’un plan de carrière. Avoir de l’expérience est souvent une nécessité pour pouvoir répondre à certaines offres d’emploi et, dans tous les cas, cela représente un atout important lorsque vous postulez à votre premier véritable poste. Le fait d’être proactif, de rechercher et de saisir les occasions qui se présentent à vous montre également à vos futurs employeurs que vous faites preuve d’initiative, et que vous êtes motivé et avez le bon état d’esprit pour faire face aux défis quotidiens d’un vétérinaire. Sans compter qu’il n’est pas rare que les stagiaires, s’ils ont fait preuve de bonnes performances et montré une attitude adéquate, se voient proposer un emploi après avoir travaillé un certain temps avec une équipe.
Figure 3. Acquérir de l’expérience clinique dans la discipline choisie est souvent la première étape pour commencer sa carrière. © Shutterstock

 

Recherchez des opportunités

L’expérience clinique est souvent acquise lors de stages puis au cours des premières expériences professionnelles. Avant de postuler pour un stage, vous devez savoir avec précision dans quelle discipline vous souhaitez orienter votre future carrière professionnelle. Par exemple, si vous souhaitez devenir praticien généraliste en canine, vous devez chercher des opportunités dans cette discipline. Utilisez Internet ou d’autres sources pour rechercher des stages près de chez vous ou à une distance raisonnable afin de pouvoir vous y rendre dans de bonnes conditions. Cependant, si votre objectif est de vous spécialiser en chirurgie orthopédique ou en cardiologie des animaux de compagnie, vous devrez peut-être faire l’effort de vous éloigner un peu plus pour postuler comme stagiaire dans une clinique spécialisée. Dans tous les cas, il vaut toujours mieux commencer « à la base » et acquérir de l’expérience en médecine générale avant de se lancer dans une spécialité.
 

 

Philippe Baralon

Le fait d’être proactif, de rechercher et de saisir les occasions qui se présentent à vous montre également à vos futurs employeurs que vous faites preuve d’initiative, et que vous êtes motivé et avez le bon état d’esprit pour faire face aux défis quotidiens d’un vétérinaire.

Philippe Baralon

Soyez proactif

Lorsque vous avez repéré quelques cliniques dans lesquelles vous souhaitez postuler pour un stage, préparez votre candidature en présentant vos références, vos diplômes, sans oublier une photo récente prise en situation professionnelle. Pensez également à planifier la durée de votre stage ; il est conseillé de rester un minimum de trois mois.

Contactez ensuite les cliniques en question pour prendre rendez-vous afin d’obtenir un entretien personnel avec le responsable de l’équipe ou le propriétaire de la clinique. Essayez de vous présenter directement à la clinique pour exposer votre recherche de stage visant à vous apporter une expérience clinique ; utilisez la voie postale ou les e-mails uniquement s’il n’est pas possible de faire autrement.

Choisissez la meilleure option

Dans la mesure du possible, il est préférable de rechercher plusieurs stages pour pouvoir comparer les offres proposées ! Voici quelques questions importantes que vous devez soulever lors de votre entretien :

  • Cette clinique a-t-elle de l’expérience, ou même une stratégie, dans la formation de stagiaires ?
  • Qu’est-ce que votre patron ou l’équipe attendent de vous ? Par exemple, serez-vous autorisé à prendre en charge des tâches simples en rapport avec vos compétences ?
  • Quels seront vos horaires de travail ? Attendent-ils de vous que vous soyez présent ou que vous couvriez les gardes et les urgences ?
  • Serez-vous rémunéré et/ou vos frais de transport seront-ils remboursés ?
  • Quelles sont les durées minimale et maximale d’un stage dans cette clinique ?

Essayez d’être décontracté et n’hésitez pas à poser toutes les questions qui vous semblent importantes lors de vos entretiens. Il n’existe aucune question idiote ; n’oubliez pas que vous êtes débutant ! Prenez des notes et terminez l’entretien en convenant ensemble de la date et de la manière dont ils vous informeront de leur décision ; à moins que vous ne soyez, de part et d’autre, si impressionnés que vous décidiez de commencer la collaboration immédiatement ! Ne quittez jamais la clinique sans savoir comment votre candidature sera traitée ! Prenez quelques instants pour revoir vos notes et faire le point sur votre ressenti après chaque entretien. Ainsi, si vous avez la chance d’obtenir une réponse positive, vous pourrez déterminer si vous serez bien intégré à l’équipe et s’il s’agit d’un endroit où vous pourrez acquérir une bonne expérience sous la supervision de quelqu’un qui prendra le temps de vous former. Essayez de vous tenir à l’écart des personnes et des cliniques qui vous donnent l’impression que vous serez juste toléré ou considéré comme de la main-d’œuvre gratuite. En général, c’est une perte de temps, même si vous tenez absolument à avoir ce travail. Il y aura toujours de meilleures opportunités qui se présenteront.


Acquérir la confiance en soi nécessaire pour prendre ses propres décisions médicales

Tous les débuts sont difficiles, en particulier si vous travaillez dans une profession qui demande chaque jour de prendre de nombreuses décisions, certaines ayant parfois des conséquences importantes. Lorsque vous manquez d’expérience professionnelle, il est difficile de porter la responsabilité de la santé et du bien-être d’un animal sur ses épaules, d’autant plus que les propriétaires sont souvent très exigeants. Par chance, vous pourrez contrôler le processus qui vous permettra d’acquérir suffisamment de confiance en vous pour prendre des décisions médicales.


Trouvez-vous un bon mentor !

Il faut espérer que vous travaillerez dans un environnement où vous aurez un référent attitré qui vous prendra sous son aile et vous aidera à franchir les premières étapes de votre parcours de vétérinaire praticien. Avoir un mentor qui vous forme et vous oriente est un excellent moyen de vous mettre le pied à l’étrier. De ce fait, lors de votre premier entretien d’embauche, renseignez-vous sur cette opportunité. Si vous avez déjà commencé à travailler mais que personne d’expérimenté n’a été désigné pour vous coacher, essayez de vous trouver un mentor au sein de l’équipe ! Si vous découvrez que vous travaillez avec des personnes qui se moquent que vous ayez besoin d’aide ou ne cherchent pas à vous orienter, il peut être légitime de penser à changer de travail. Un manque de conseils et d’assistance pendant cette partie cruciale de votre vie professionnelle peut en effet conduire à une mauvaise estime de soi, particulièrement handicapante pour la prise de décisions médicales. 
 
Une fois que vous avez trouvé votre « coach » médical, restez en contact étroit avec lui, et programmez ensemble des entretiens fréquents et réguliers jusqu’à ce que vous vous sentiez plus en confiance pour travailler seul. Vous pouvez aider votre coach à vous transmettre son savoir en précisant de quelle manière ses conseils ont le plus d’impact sur vous (à l’oral, à l’écrit, ou en supervisant votre travail). Soyez franc sur vos points forts et vos points faibles !
 

Tirez les leçons de vos erreurs

Même si sous pensez avoir assimilé quelque chose de nouveau, vous devez toujours vous dire que vous pouvez encore faire des erreurs, quelles que soient la qualité de votre formation ou votre conscience professionnelle. En outre, des erreurs gérées avec professionnalisme peuvent vous apprendre beaucoup. Soyez honnête avec vous-même et admettez quand vous avez fait une erreur. Vous pourrez ainsi l’analyser en profondeur. Revoyez avec votre coach les incidents qui vous ont amené à prendre une décision suboptimale ou mauvaise. Analysez les cas médicaux point par point pour réviser votre diagnostic et vos décisions, et discutez-en avec votre référent ou un professionnel expérimenté de confiance. Essayez d’identifier si d’autres paramètres que votre manque d’expérience vous ont conduit à prendre une mauvaise décision. Peut-être étiez-vous distrait, stressé ou même souffrant ? Ces facteurs extérieurs, une fois identifiés, ne seront pas trop difficiles à éliminer.
 
N’oubliez pas également que certains facteurs sont totalement hors de votre contrôle. Comme certaines pathologies sous-jacentes de l’animal que vous n’aviez pas pu détecter, même en effectuant des analyses de routine avec le matériel à disposition. En médecine, les problèmes médicaux non détectés peuvent interférer avec le résultat des examens diagnostiques ou des traitements, même les plus sophistiqués, effectués par un praticien expérimenté et compétent. Il ne s’agit pas là d’erreurs mais simplement d’événements de la vie d’un praticien !


Apprenez peu à peu à vous débrouiller seul

Une fois que vous avez pris suffisamment confiance en vous pour prendre seul des décisions médicales, il est temps de réduire la fréquence des entretiens avec votre mentor ainsi que ses interventions. Toutefois, si vous ne vous sentez pas encore totalement en confiance lorsque vous traitez seul un cas médical, n’hésitez pas à demander régulièrement l’avis de vétérinaires plus expérimentés. Afin d’éviter de dépendre trop de vos confrères tout au long de votre carrière professionnelle, il est très important d’apprendre à se débrouiller seul très vite. Cependant, au sein d’une équipe médicale, même si l’on prend seul beaucoup de décisions, il reste important de donner et de recevoir des feed-back, voire de consulter ses collègues pour certains choix plus délicats. Chacun peut ainsi s’assurer de ne rien avoir oublié. La communication entre les différents membres de l’équipe s’en trouve améliorée, et chacun se sent apprécié pour son travail. Ces feed-back constants – partages d’expérience et concertations – doivent devenir une habitude importante qu’il vous faudra garder tout au long de votre vie professionnelle.


Construisez-vous un réseau

Même si vous vous sentez pleinement en confiance pour prendre seul des décisions médicales et en porter l’entière responsabilité, vous construire un réseau professionnel à des fins de soutien ou d’échanges mutuels peut être très utile. Trouvez des confrères de confiance avec le même niveau de formation que vous dans différentes disciplines de la profession vétérinaire afin que vous puissiez échanger des idées et vous aider mutuellement (Figure 4). Ce type de réseau peut être d’une grande importance lorsque vous faites face à des cas difficiles ou peut aussi vous aider dans votre vie quotidienne. Même si vous avez confiance en vous d’un point de vue médical, des doutes peuvent subsister dans certains cas et il peut être très intéressant d’en discuter avec des confrères pour avoir un deuxième avis ou un retour d’expérience.

 

Figure 4. Créer votre propre réseau de professionnels sera un atout majeur. Il sera une sorte de groupe de soutien ou d’entraide. © Shutterstock

Ce réseau professionnel peut aussi se révéler utile pour vous aider à gérer les « problèmes humains » survenant dans la profession, à savoir dans votre équipe ou avec vos clients. Certains de ces incidents peuvent être drôles ou sympathiques à raconter, mais, de temps en temps, vous pourrez aussi faire face à des situations délicates qui rendront votre vie professionnelle vraiment difficile. Par exemple, la première fois que vous devrez euthanasier le chien d’une personne âgée vivant seule, ou lors d’un conflit important avec un client au sujet de vos honoraires ou du traitement de son animal. Parler de ces événements avec quelqu’un d’extérieur peut être très utile parce qu’il bénéficie d’une certaine distance. Il peut vous aider à analyser votre propre comportement et vous donner son avis ou des idées sur la façon de gérer ce problème s’il devait se reproduire.

Un réseau professionnel contribue également à un bon équilibre vie professionnelle/vie privée car lorsque vous demandez l’avis de vos confrères, vous abordez les cas médicaux ou humains au sein de votre profession au lieu d’en parler à la maison. Si vous discutez de ces cas avec votre famille ou vos amis, vous ne pouvez pas séparer correctement votre travail de votre vie privée. Il est possible que certaines personnes de votre réseau professionnel comptent aussi parmi vos amis. Dans ce cas, vous devez vous mettre d’accord pour ne parler travail qu’au travail et n’utiliser le jargon médical qu’exceptionnellement lors des réunions entre amis ou en famille.

 
Philippe Baralon

Philippe Baralon

Philippe Baralon a obtenu son diplôme de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, en France, en 1984 et a poursuivi ses études en économie (maîtrise d’économie, Toulouse, 1985) et en administration des affaires (MBA, HEC-Paris 1990). En savoir plus

Antje Blättner

Antje Blättner

La Dre Blaettner a grandi en Afrique du Sud et en Allemagne et a obtenu son diplôme en 1988 après avoir étudié la médecine vétérinaire à Berlin et à Munich. En savoir plus

Pere Mercader

Pere Mercader

Le Dr Mercader s’est établi comme consultant en gestion auprès des cliniques vétérinaires en 2001 et a depuis développé son activité en Espagne, au Portugal et dans certains pays d’Amérique latine. En savoir plus

Mark Moran

Mark Moran

Mark Moran est consultant auprès de la profession vétérinaire depuis 19 ans. En savoir plus

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