Comment j’aborde… Le léchage excessif chez le chat
L’auto-toilettage est un comportement normal du chat qui consiste à se lécher et se mordiller les poils et la peau et se frotter la tête avec ses membres antérieurs.
Numéro du magazine 26.2 Ressources humaines
Publié 11/07/2023
Aussi disponible en Deutsch , Italiano , Español et English
Le burnout (ou syndrome d’épuisement professionnel) et la fragilité de la santé mentale peuvent être des facteurs liés à la pénurie de vétérinaires. Cet article présente les résultats d’une enquête récente qui tente d’évaluer l’étendue de ces problèmes chez les vétérinaires spécialistes.
L’enquête révèle que le personnel vétérinaire est exposé à un risque important de burnout, les taux les plus élevés étant observés dans les chaines de cliniques et dans les universités.
La majorité des établissements vétérinaires (et en particulier les cabinets indépendants) ont mis en place des initiatives visant à améliorer le bien-être au travail.
50 % des cabinets ont récemment rencontré des difficultés à recruter des employés, la raison principale étant la pénurie de vétérinaires et d’ASV.
Le modèle « Exigences & Ressources » définit le bien-être au travail comme le résultat de l’équilibre entre les exigences et les ressources d’un emploi. Il pourrait être un outil utile pour l’évaluation des interventions.
Ces dernières années, la santé mentale et le bien-être des vétérinaires praticiens sont devenus des sujets brûlants dans le monde entier. Plusieurs études ont démontré que les personnes travaillant dans ce secteur sont plus exposées au risque de burnout, (Box 1), de dépression, et même de suicide que les autres professions 1. Dans une enquête récente, 35 % des vétérinaires à temps plein aux États-Unis ont été classés comme ayant un faible niveau de satisfaction compassionnelle*, 50 % comme ayant des scores de burnout élevés, et 59 % comme ayant des scores de stress traumatique indirects élevés** 2. Ces chiffres suffiraient à eux seuls à justifier la nécessité de prendre des mesures pour améliorer le bien-être dans le secteur vétérinaire, et bien que diverses initiatives aient été mises en place au cours de ces dernières années pour remédier à ces problèmes, il reste encore beaucoup à faire. Cet article détaille les résultats d’enquêtes menées lors de deux congrès vétérinaires de spécialistes, au cours desquels les participants ont été interrogés en face à face sur l’importance du bien-être, les difficultés de recrutement, et leur expérience des mesures prises pour faire face aux exigences de leur métier.
*Plaisir ou sentiments positifs découlant de la capacité à aider les autres.
**Le stress traumatique indirect est celui résultant de l’expérience indirecte d’un événement traumatique, c’est-à-dire un événement vécu par quelqu’un d’autre.
Encadré 1. Qu’est-ce que le burnout vétérinaire ?
Le burnout, défini par l’OMS comme « un syndrome conceptualisé comme résultant d’un stress chronique en milieu de travail qui n’a pas été géré avec succès » 3, est bien connu dans tous les domaines de la vie, et certainement dans la profession vétérinaire, où il affecte non seulement la santé émotionnelle et psychologique des personnes 4 mais également la santé économique des cabinets et de l’ensemble du secteur 5. Une étude systématique des conséquences du burnout a montré qu’il s’agissait d’un facteur prédictif important de multiples affections physiques, notamment les maladies cardiovasculaires, les douleurs musculosquelettiques et la dépression 4. De plus, et plus particulièrement pour les vétérinaires et les autres professions de santé, le burnout est positivement associé à une diminution de la qualité des soins, à la perception d’erreurs cliniques, et à une forte probabilité que ces professionnels quittent leur poste 6,7. Dans la profession vétérinaire, des études révèlent que le stress au travail est lié à des taux élevés de rotation du personnel et d’absentéisme 7, ce qui entraîne une hausse des coûts 5. Il est donc extrêmement pertinent de rechercher des mesures de prévention et des solutions efficaces pour lutter contre ces problèmes. |
Le burnout étant un phénomène professionnel, la gestion du stress au travail est une question d’équilibre car le bien-être professionnel résulte de l’effet contradictoire de facteurs positifs et négatifs. C’est ce qu’explique le modèle Exigences & Ressources (en anglais « Job demands-resource model »), que nous avons utilisé comme cadre théorique pour cette étude 8 (Figure 1). Le modèle considère le stress au travail et le bien-être comme le résultat d’interactions entre les exigences et les ressources de travail. Les exigences sont les aspects physiques, sociaux ou organisationnels du travail nécessitant un effort physique ou mental soutenu et sont donc associés à des coûts psycho-physiologiques 8. Cela inclut, mais sans s’y limiter, la charge de travail, le travail de nuit, l’interférence vie privée-vie professionnelle et des facteurs de stress environnementaux. Les ressources peuvent être définies comme des aspects physiques, sociaux ou organisationnels du travail qui peuvent être fonctionnels pour atteindre des objectifs professionnels ou stimuler le développement personnels 8. Il peut s’agir de récompenses, d’un contrôle personnel sur les tâches confiées, ainsi que de retours positifs et d’un soutien. Selon le modèle E&R, les exigences de travail peuvent entraîner un processus d’épuisement de l’énergie, conduisant à une extrême fatigue et finalement au burnout, alors que les ressources de travail peuvent induire une motivation qui peut promouvoir l’engagement au travail 9. Un manque de ressources peut entraver la capacité d’un individu à répondre aux exigences de son travail, ce qui peut conduire à un désengagement, et joue également un rôle dans le développement du burnout.
Pour recueillir des informations sur le recrutement et le bien-être, Royal Canin a élaboré une courte enquête composée de sept questions (Tableau 1). L’enquête a été divisée en deux sections : le recrutement et le bien-être. Si les personnes interrogées ont déclaré qu’elles n’avaient pas de mal à recruter (Q.1), la première section a été close à ce stade. De même, si les personnes interrogées pensaient que le bien-être au travail n’était pas important (Q.5), l’enquête était close à ce stade. L’étude a été menée au congrès européen de médecine interne vétérinaire des animaux de compagnie en 2022 (ECVIM-CA) à Göteborg (Suède) et au congrès européen de dermatologie vétérinaire en 2022 (EVDC) à Porto (Figure 2). Royal Canin a choisi des étudiants vétérinaires pour effectuer cette enquête, pour leur affinité pour le sujet et leur empathie pour les personnes interrogées. Plusieurs enquêteurs (4 à l’ECVIM, 6 à l’EVDC) ont été nécessaires pour trianguler les données, et un chef d’étude a été nommé pour superviser la collecte des données et optimiser la cohérence des enquêtes lors des deux congrès. Une discussion préalable à l’enquête a eu lieu entre le chef d’étude et les enquêteurs afin de créer une compréhension commune du projet et de minimiser les différences entre les enquêteurs.
Toutes les enquêtes ont ensuite été rassemblées et utilisées par le chef d’étude pour créer une base de données. Une analyse a montré les principaux résultats, à savoir les difficultés de recrutement de personnel pour les cliniques vétérinaires, l’importance du bien-être, les actions menées en faveur du bien-être, ainsi que les degrés de burnout sur le lieu de travail. Ces données étaient aussi bien quantitatives que qualitatives, les données qualitatives étant classées selon le modèle E&R. Le signalement des personnes interrogées comprenait la nature du lieu de travail (clinique vétérinaire indépendante, chaine de cliniques, université ou autre), le pays et le genre. Les résultats ont été analysés soit en utilisant le test exact de Fisher ou le test du Khi. Toutes les analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel SPSS, avec une valeur p< 0,05 comme seuil de signification.
Les participants au congrès (tous des vétérinaires spécialistes) ont été choisis de manière aléatoire, ce qui a donné 222 personnes interrogées (89 à l’ECVIM et 133 à l’EVDC), provenant de 33 pays différents. Au total, 187 (85 %) des personnes interrogées vivent et travaillent en Europe, 11 en Amérique du Sud, 9 en Amérique du Nord, 8 en Océanie, 4 en Asie et 1 en Afrique ; il y a eu 2 réponses pour lesquelles le pays ne fut pas renseigné. Le groupe interrogé se composait de 66 hommes (32 %) et 143 femmes (68 %), (et 13 non renseigné). 114 (55 %) travaillaient dans des cliniques indépendantes, 50 (24 %) dans des chaines de cliniques, 38 (18 %) dans des cliniques universitaires, et 6 (3 %) ont indiqué « autre » pour désigner leur lieu de travail. Veuillez noter qu’une seule personne a été interrogée par lieu de travail.
La plupart des vétérinaires considèrent que leur bien-être (et ceux de leurs collègues) est important : sur les 213 personnes qui ont répondu, 94 % ont donné une réponse positive. Très peu de réponses négatives ont été reçues, et il a donc été impossible d’analyser cette cohorte afin de déceler des différences significatives en termes de sexe, de lieu de travail ou de pays.
80 % de tous les lieux de travail ont mis en place des mesures visant à améliorer le bien-être des vétérinaires et des Auxiliaires de Santé Vétérinaire (ASV) présents. En partant de l’idée que le bien-être au travail est le résultat de l’équilibre entre les exigences du travail et les ressources de travail (Figure 1), nous avons décidé de catégoriser les différentes mesures. Les mesures qui répondent aux exigences de travail sont celles qui ont un effet positif sur l’interférence vie privée-vie professionnelle, la charge de travail ou le travail de nuit, et comprennent des horaires flexibles, des jours de congés ou une semaine de travail de quatre jours. Les mesures qui contribuent positivement aux ressources de travail sont les récompenses ou les encouragements pour le développement personnel ou professionnel. Sur les 164 lieux de travail où des mesures en faveur du bien-être ont été prises, 26 ont concerné les exigences du travail, 109 ont concerné les ressources de travail, et pour 29 lieux de travail, les mesures ont concerné les deux aspects (Figure 3).
En suivant les définitions des ressources de travail (comme décrites précédemment), nous avons défini trois sous-catégories. Nous avons constaté que 39 mesures étaient essentiellement physiques, agissant sur des questions tangibles, 59 étaient des mesures sociales (Figure 4), et 91 étaient purement organisationnelles, ciblant le fonctionnement ou le développement de l’employé sur le lieu de travail (Figure 5). Le Tableau 2 donne des exemples de ressources ayant été mentionnées et la façon dont elles ont été répertoriées.
Tableau 2. Exemples de ressources de travail.
Physiques | Sociales | Organisationnelles |
---|---|---|
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Les cliniques vétérinaires, indépendantes ou de chaînes, sont peu nombreuses à ne pas prendre de mesures en faveur du bien-être (respectivement 16 % et 15 %), alors que dans les établissements universitaires, ce chiffre atteint les 35 %. Nous nous sommes rendu compte que les mesures impactant à la fois les exigences de travail et les ressources de travail étaient principalement prises par des cliniques indépendantes. La différence de mesures prises en faveur du bien-être entre les lieux de travail était colossale, si l’on tient compte du test de Fisher (p = 0,042), ce qui signifie que dans les cliniques indépendantes, un nombre beaucoup plus important de mesures ont été prises par rapport aux autres types de lieux de travail.
Parmi toutes les personnes interrogées, 70 % ont indiqué qu’il y avait eu au moins un cas de burnout sur leur lieu de travail au cours des douze derniers mois (qu’il s’agisse d’elles-mêmes ou d’un collègue vétérinaire, d’une ASV ou d’un résident) (Tableau 3). Sur ces 70 %, 54 % étaient des vétérinaires, 12 % des ASV, 32 % concernaient à la fois des vétérinaires et des ASV, et 2 % étaient des étudiants. Les personnes interrogées ayant signalé un burnout ont été moins nombreuses chez les vétérinaires travaillant dans un cabinet indépendant (61 %) que ceux travaillant dans des chaines de cliniques (80 %) ou à l’université (83 %). Cette différence est significative avec le test du Khi (p = 0,009). Toutefois, il n’y a pas une grosse différence entre le nombre de personnes interrogées ayant signalé un burnout et travaillant dans des cliniques qui ont pris des mesures en faveur du bien-être de leurs employés et celles qui n’en ont pas prises, soit 68 % et 73 % respectivement.
Tableau 3. Le taux de burnout est bien plus élevé dans les chaines de cliniques et dans les universités que dans les cabinets indépendants (p = 0,009 entre * et **).
Lieu de travail | Nombre | Lieux de travail sur lequel il y a un ou plusieurs burnout(s) | Pourcentage |
---|---|---|---|
Cliniques privées | 114 | 67 | 60,9* |
Chaines de Cliniques | 50 | 39 | 79,6** |
Universités | 38 | 30 | 83,3** |
20 personnes interrogées n’ont pas répondu.
Pour ce qui est du recrutement d’employés durant l’année écoulée, nous avons eu 183 répondants (Figure 6), les autres personnes interrogées déclarant qu’elles n’embauchaient pas, ou ne savaient rien du processus de recrutement, et n’ont donc pas été prises en compte. Sur les 183 personnes qui ont répondu, 53 % ont reconnu qu’ils avaient eu beaucoup de mal à recruter, 30 % un peu de mal et 17 % pas eu de difficultés. En général, des difficultés ont été rencontrées à la fois dans le recrutement des vétérinaires et des ASV. Lorsqu’une catégorie seulement était identifiée comme problématique, ce sont les vétérinaires qui étaient les plus compliqués à recruter.
Des personnes ont aussi déclaré que les difficultés de recrutement avaient eu un impact sur le choix d’un nouvel employé. 195 personnes interrogées travaillaient dans un établissement où un nouveau vétérinaire avait été embauché ; parmi elles, 41 % ont déclaré que, par la suite, cette nomination n’était pas très concluante, mais qu’il n’y avait pas eu d’autres choix possibles et qu’on avait engagé cette personne en raison de sa disponibilité, pour ne pas attendre plus longtemps. La situation pour les postes d’ASV vacants est similaire : Sur les 199 personnes interrogées qui avaient embauché une nouvelle ASV, 45 % ont pensé par la suite que la personne engagée ne convenait pas pour ce poste.
Différentes raisons concernant les difficultés de recrutement ont été évoquées, et certaines personnes interrogées en ont d’ailleurs donné plus d’une. La plus fréquemment citée (96 fois) : la pénurie générale de vétérinaires et d’ASV. Les autres raisons importantes ayant été données sont le faible salaire (52 fois) et la charge de travail ou la difficulté du travail de nuit (46 fois). L’emplacement rural de la clinique (14 fois), la COVID (7 fois) et d’autres raisons ont été moins fréquemment cités.
Nous avons constaté que la plupart des vétérinaires sont conscients de l’importance de leur bien-être, et que la majorité des lieux de travail prennent des mesures afin d’améliorer le bien-être de leur personnel. Néanmoins, le taux de burnout est encore élevé, en particulier chez les vétérinaires. Bien que la fréquence de burnout la plus faible ait été observée dans le secteur indépendant, 61 % de ces cliniques avaient tout de même vu au moins un cas récemment. Ce chiffre est nettement inférieur au nombre de burnouts dans les chaînes de cliniques (80 %) et dans les cliniques universitaires (83 %), une conclusion en adéquation avec une étude réalisée précédemment en Finlande, selon laquelle les vétérinaires dans les cliniques indépendantes sont moins touchés par le burnout 10. (Il est intéressant de noter qu’une enquête de l’AVMA réalisée en 2021 a révélé que le burnout est plus répandu chez les salariés des cliniques indépendantes que chez les propriétaires 11, mais notre enquête n’a pas fait de distinction entre les employés et les propriétaires de cliniques indépendantes). L’une des raisons de la plus faible fréquence de burnout dans les cliniques indépendantes pourraient être qu’ils sont plus à même de prendre des mesures préventives proactivement, car nous avons constaté qu’ils prenaient bien plus de mesures en faveur du bien-être que dans les chaines de cliniques ou à l’université, et que les mesures prises portaient aussi bien sur les exigences de travail que sur les ressources de travail et non sur un paramètre seulement. Cependant, il convient de noter que l’enquête n’a pas cherché à recueillir des informations détaillées sur les lieux de travail, par exemple en termes de taille, de nombre d’employés ou d’environnement, nous ignorons donc si d’autres facteurs interviennent
Luc T. Theunisse
Les exigences et les ressources de travail sont des facteurs déterminants du bien-être au travail, comme montré dans le modèle E&R. Bien que la différence entre le nombre de burnouts déclarés dans les cabinets ayant pris des mesures (68 %) par rapport à ceux qui n’en ont pas pris (73 %) n’ait pas été significative dans notre étude, une étude australienne récente a indiqué que les ressources de travail sont inversement liées au burnout, et que certaines exigences de travail sont positivement corrélées au burnout 7. Les mesures s’attaquant à la fois aux exigences et aux ressources de travail semblent plus efficaces, puisque les interventions combinées se sont avérées être les plus utiles pour lutter contre le burnout 12. Les raisons pour lesquelles les cliniques indépendantes ont pris davantage de mesures que les autres lieux de travail n’est pas très claire ; on peut supposer que les vétérinaires propriétaires sont plus susceptibles de dialoguer avec leurs employés et sont donc plus conscients de la nécessité de se soucier de leur bien-être.
En outre, nous avons constaté que de nombreux établissements vétérinaires rencontraient des difficultés pour recruter de nouveaux collègues ; près de la moitié des personnes interrogées ont connu d’énormes problèmes. Puisque la pénurie de vétérinaires a été fréquemment citée comme étant la cause (96 fois), nous nous sommes demandé s’il y avait des preuves de cette pénurie et quelle était l’ampleur du problème. Une pénurie de personnel vétérinaire signifie qu’il y a un manque de praticiens (offre) par rapport aux soins dont ont besoin les animaux (demande) dans une région ; cette pénurie peut résulter soit d’une diminution du nombre de vétérinaires disponibles, soit d’une augmentation de la demande de soins pour les animaux domestiques, soit des deux. Les données indiquent certainement une augmentation de la demande. L’Europe a vu une augmentation globale du nombre d’animaux de compagnie entre 2010 et 2017 13. De plus, les chiffres montrent que le nombre moyen de rendez-vous dans les cabinets vétérinaires aux États-Unis a augmenté de 6,5 % de 2020 à 2021 14. Du côté de l’offre, la proportion de vétérinaires par habitant n’a pas changé entre 2015 et 2018, avec une moyenne de 0,38 vétérinaire pour 1 000 habitants 15. Toutefois, il est possible qu’il y ait une baisse de la disponibilité résultant d’une baisse du nombre d’heures travaillées ou de la productivité par personne. Dans notre étude, neuf vétérinaires ont indiqué que le travail à temps partiel expliquait cette pénurie, et une enquête de 2021 menée auprès de professionnels du secteur vétérinaire dans le monde entier a révélé qu’une personne interrogée sur quatre souhaitait réduire son nombre d’heures de travail pour passer à temps partiel ou faire des remplacements 16, tandis qu’une autre enquête de l’AVMA a constaté que 30 % des vétérinaires pour animaux de compagnie déclaraient qu’ils souhaitaient travailler moins d’heures, contre 23-24 % en 2017-19 14. En outre, les vétérinaires aux États-Unis voient moins de patients par heure, et la productivité moyenne a décliné de près de 25 % en 2020 par rapport à 2019 14, sans doute à cause de la COVID. Dans l’ensemble, on peut affirmer qu’il y a une crise de la main d’œuvre vétérinaire, au moins dans certaines régions. La Fédération des Vétérinaires Européens (FVE) a constaté que 78,5 % des personnes interrogées en 2020 ont connu une pénurie de vétérinaires dans les 28 pays d’Europe sondés 15, ce qui correspond bien avec nos résultats. La FVE déclare que cette pénurie est un problème qui affecte particulièrement les zones rurales et qu’elle n’est pas généralisée à l’échelle nationale, même si dans notre étude, l’emplacement d’une clinique rurale a été signalé comme étant l’une des raisons possibles des difficultés de recrutement. Les données de VetsSurvey identifient également le recrutement de personnel adéquat comme l’un des plus gros défis auxquels la profession est actuellement confrontée, et considèrent que cela peut être l’une des causes du nombre croissant d’employés malheureux dans ce secteur 16.
Gerdinique C. Maessen
La question est donc la suivante : la pénurie est-elle une cause de la baisse perçue des niveaux de satisfaction au travail et de l’augmentation du burnout 16, ou sa conséquence ? Nous pensons que cela fonctionne dans les deux sens, et que ces éléments s’influencent mutuellement dans un cercle vicieux. La pénurie joue incontestablement un rôle dans le bien-être du personnel vétérinaire, puisque les praticiens restants doivent souvent travailler plus d’heures pour faire face à la forte demande. Une étude allemande a démontré que le nombre d’heures travaillées était corrélé au stress ressenti par les vétérinaires 17. De plus, le fait que les cabinets emploient souvent des vétérinaires et des ASV qui ne conviennent pas pour le poste est un point important. Nos résultats montrent que dans 41 % des cas, un vétérinaire fraîchement embauché ne fait pas l’affaire (selon les autres employés), ce qui est préjudiciable, car le fait d’avoir une équipe efficace est l’un des plus importants facteurs du bien-être au travail (Figure 7). D’autre part, les burnouts ont tendance à conduire à des difficultés de rétention ; 40 % des vétérinaires pensent quitter le métier, les deux premières raisons citées étant l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle ainsi que les problèmes de santé mentale 14,17. Le burnout est un facteur prédictif significatif de l’intention d’une personne de quitter son poste actuel ou d’abandonner complètement la profession 7. Cela est lié au taux de rotation élevé en médecine vétérinaire, surtout par rapport à d’autres professions de santé. La rotation moyenne des vétérinaires est deux fois plus élevée que celle des médecins, c’est-à-dire qu’un médecin conserve en moyenne deux fois plus longtemps son poste qu’un vétérinaire 5,15. Ainsi, le cercle vicieux se poursuit ; une plus grande pénurie de main-d’œuvre due aux burnouts, et davantage de burnouts dus à l’augmentation de la charge de travail.
Il est important de souligner que l’enquête était courte et assez basique et qu’elle n’a pas permis d’explorer tous les facteurs impliqués dans le bien-être et le maintien de l’emploi sur le lieu de travail. Elle a également mis l’accent sur les spécialistes et les résidents lors de deux congrès de dermatologie et de médecine interne qui ne constituent pas un échantillon représentatif du bien-être au travail dans l’ensemble de la profession vétérinaire. Il convient de noter que nous avions anticipé que les praticiens souffrant de burnout ne participeraient probablement pas à un congrès (ou ne souhaiteraient peut-être pas admettre qu’ils ont souffert de burnout) et c’est pourquoi nous avons posé des questions sur les événements survenus au sein du cabinet afin de dépersonnaliser l’interview. Ceci pourrait expliquer le taux élevé de burnout (70 %) constaté par rapport à d’autres études. Les prochaines enquêtes pourraient porter sur d’autres pans du secteur vétérinaire afin de vérifier si les mêmes tendances se dessinent, et tenter d’identifier l’âge moyen d’une personne qui souffre de burnout. En outre, étant donné que les spécialistes dans les chaines de cliniques et les universités semblent être les plus touchés par le burnout, il serait utile d’enquêter sur les possibles facteurs de confusion (tels que l’âge, le sexe, la taille de la clinique et les heures de travail).
Nous souhaiterions remercier les étudiants vétérinaires qui ont recueilli les données pour cette étude : Ricardo Azevedo, Lara Couto-Soares, Marta Gonçalves, Ines Preza Carvalho, Soraia Rodrigues, Luc Theunisse, Kathelijn van Heusden, Fraukje van Terwisga, et Hannah Younge. |
Selon cette enquête, le personnel de clinique vétérinaire de spécialistes est exposé à un risque élevé de burnout, un phénomène professionnel associé à de multiples conséquences négatives, les taux les plus élevés étant observés dans les chaines de cliniques et les universités. Cette situation, alliée à une pénurie de vétérinaires et créant des difficultés de recrutement, constitue une menace pour la profession. Dans la lutte contre le burnout, on observe une prise de conscience de l’importance du bien-être au travail, et de nombreux lieux de travail ont désormais mis en place des mesures visant à améliorer le bien-être des employés. Cependant, les évaluations de ces initiatives sont rares, et l’enquête ne visait pas à déterminer les mesures qui pourraient être les plus efficaces. Afin d’améliorer le bien-être au travail, il faut très rapidement effectuer une analyse solide des interventions possibles, et le modèle E&R pourrait être un outil utile pour faciliter le développement et l’évaluation de plusieurs ressources.
World Health Organization. Burnout an “occupational phenomenon”: International Classification of Diseases. (Internet). Available from: https://www.who.int/news/item/28-05-2019-burn-out-an-occupational-phenomenon-international-classification-of-diseases (Accessed 1st January 2023).
Gerdinique C. Maessen
Gerdinique Maessen s’est inscrite à la faculté de médecine en 2016 pour préparer sa licence ès sciences initiale En savoir plus
Luc T. Theunisse
Luc Theunisse est étudiant ambassadeur Royal Canin à Utrecht depuis 2020 En savoir plus
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